We're going to hell
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We're going to hell
[essai sur l'effet que me fait la musique d'Alien Vampires]
J'entre, je ne suis pas très rassurée. Tout de suite la chaleur suffocante se pose sur mon corps, moite et opaque. Des spots déchirent l'obscurité de pulsations blanches et rouges. La musique vibre dans l'atmosphère, dans mon ventre. La chaleur, la musique, la lumière, ne sont qu’une seule entité, une sorte de créature qui se lève dans la nuit et emporte dans son sillage une meute de danseurs peints. Sur scène, les prêtres de cette étrange cérémonie d’invocation bougent comme des pantins désarticulés, comme si la musique se servait de leurs corps. Leurs têtes rasées, leurs bouches de cauchemars, leurs vêtements sculptant des corps malingres… Ils ressemblent à des fous, provoquant la transe et s’y noyant en même temps.
J’avance de quelques pas, frôlant les corps en mouvement, des bras, des chevelures, des vêtements. Les danseurs se nourrissent de la musique, leur énergie n’a pas de limites. Il y a des milliers de fils invisibles, comme un réseau sanguin, qui court entre les danseurs, entre eux et la scène. Tous se nourrissent, se partagent, se boivent, se dansent. Il fait si noir, il fait si chaud ; de retour en enfer ou bien peut-être dans les ténèbres moites des premiers cauchemars.
Je n’ai besoin que de quelques minutes pour que mon corps devienne soudain léger et chaud, liquide et vibrant. La pensée se fait mouvement, elle se passe enfin de mots pour devenir essentielle. Expérience physique et métaphysique de cette folie communiée ; j’ai oublié mes réticences et mes angoisses, car de telles choses n’existent pas dans la musique. Le rythme omniscient gouverne les battements de mon cœur et coule dans mes muscles, et je deviens une danseuse, avec un corps qui évolue, qui s’agrandit, qui oublie la frontière de sa peau pour se sentir flotter dans d’autres peaux.
J'entre, je ne suis pas très rassurée. Tout de suite la chaleur suffocante se pose sur mon corps, moite et opaque. Des spots déchirent l'obscurité de pulsations blanches et rouges. La musique vibre dans l'atmosphère, dans mon ventre. La chaleur, la musique, la lumière, ne sont qu’une seule entité, une sorte de créature qui se lève dans la nuit et emporte dans son sillage une meute de danseurs peints. Sur scène, les prêtres de cette étrange cérémonie d’invocation bougent comme des pantins désarticulés, comme si la musique se servait de leurs corps. Leurs têtes rasées, leurs bouches de cauchemars, leurs vêtements sculptant des corps malingres… Ils ressemblent à des fous, provoquant la transe et s’y noyant en même temps.
J’avance de quelques pas, frôlant les corps en mouvement, des bras, des chevelures, des vêtements. Les danseurs se nourrissent de la musique, leur énergie n’a pas de limites. Il y a des milliers de fils invisibles, comme un réseau sanguin, qui court entre les danseurs, entre eux et la scène. Tous se nourrissent, se partagent, se boivent, se dansent. Il fait si noir, il fait si chaud ; de retour en enfer ou bien peut-être dans les ténèbres moites des premiers cauchemars.
Je n’ai besoin que de quelques minutes pour que mon corps devienne soudain léger et chaud, liquide et vibrant. La pensée se fait mouvement, elle se passe enfin de mots pour devenir essentielle. Expérience physique et métaphysique de cette folie communiée ; j’ai oublié mes réticences et mes angoisses, car de telles choses n’existent pas dans la musique. Le rythme omniscient gouverne les battements de mon cœur et coule dans mes muscles, et je deviens une danseuse, avec un corps qui évolue, qui s’agrandit, qui oublie la frontière de sa peau pour se sentir flotter dans d’autres peaux.
Re: We're going to hell
Note : je serais curieuse de savoir quel effet cette musique vous fait (décrite par un texte s'il vous plaît), même s'il est probable que vous n'aimiez pas (sauf Kalys évidemment ) Sinon, vous pouvez rebondir avec une autre musique ou mettre une musique que vous êtes surs que je n'aime pas pour m'embêter
Re: We're going to hell
Comme tu l'as demandé, j'ai moi-même écrit sur Alien Vampires.
Je n'aurais jamais pensé dire cela un jour mais le monde a bien changé. Je m'étais pourtant promis de vivre avec mon temps... Mais vraiment, les derniers événements me dépassent. Figurez-vous que les morts se relèvent. Oh, je me doutais bien que ça arriverait! Des tas de films nous avaient déjà mis en garde. Et, comme dit la vox populi, on n'arrête pas le progrès. Malgré tout, cela m'a quand même fait bizarre de voir les premiers cadavres déambuler dans les rues. Généralement, ils préfèrent sortir la nuit ; ce qui n'est pas surprenant, puisque la plupart des adeptes de la mort étaient gothiques ou metalleux de leur vivant. Les autres, les gens, disons, normaux, prennent le thé à l'abris des mausolées, et font tout pour cacher leur état - ce n'est pas toujours très agréable de les regarder, et cela leur fait drôle d'être devenus identiques aux monstres qu'ils abhoraient quand ils étaient en vie.
Les metalleux, les electro-goths ou je ne sais quel nom on leur donne, prennent là une sacré revanche. De plus en plus, c'est eux qui définissent la norme.
Ne voulant pas mourir idiote, et puisque je dois bien penser à la suite des événements - vais-je oui ou non passer ma mort terrée dans un cimetière -, j'ai décidé de me renseigner un peu. J'ai choisi des vêtements simples mais pas trop élégants et j'ai pris mon courage à deux mains pour passer la porte d'un de ces clubs devenus les points chauds du centre-ville. Le videur m'a regardée bizarrement : il faut dire que je dois avoir le triple de la moyenne d'âge. Il y a des choses qui ne changent pas, et les vieux morts ont toujours peur de ceux qui sont décédés jeunes. Il y aussi quelques vivants dans la salle, cependant, on les repère assez aisément même s'ils sont couverts de fond de tein blanc.
Sur scène, des types maigres aux cranes lisses dansent convulsivement, adaptant leurs mouvements au rythme épileptique de la musique, comme secoués de spasmes à chaque attaque des spots agressifs qui clignotent au plafond. Quand le chanteur empoigne son micro, sa voix est si grave qu'on la dirait venue d'une cage thoracique trop profonde, où les côte sont des arches soutenant une caverne. Cette voix râpe la gorge au passage puis explose en confettis répercutés sur les murs de la boîte. Les zombies et les humains tressautent dans la lumière hystérique, tous en rythme, et je suis submergée par la force qui émane de la foule, par son parfait ensemble et sa constitution pourtant chaotique. C'est comme la mer, faite de millions de vaguelettes et de ridules désordonnées, et qui pourtant courent ensemble vers la plage, et forment cette entité immense, mystérieuse et profonde.
We are dead, fuck you! Je souris, parce que ces morts le sont bien moins que beaucoup de mes contemporains, et que dans leur bouche, ce slogan sonne comme un sésame pour l'avenir.
Je n'aurais jamais pensé dire cela un jour mais le monde a bien changé. Je m'étais pourtant promis de vivre avec mon temps... Mais vraiment, les derniers événements me dépassent. Figurez-vous que les morts se relèvent. Oh, je me doutais bien que ça arriverait! Des tas de films nous avaient déjà mis en garde. Et, comme dit la vox populi, on n'arrête pas le progrès. Malgré tout, cela m'a quand même fait bizarre de voir les premiers cadavres déambuler dans les rues. Généralement, ils préfèrent sortir la nuit ; ce qui n'est pas surprenant, puisque la plupart des adeptes de la mort étaient gothiques ou metalleux de leur vivant. Les autres, les gens, disons, normaux, prennent le thé à l'abris des mausolées, et font tout pour cacher leur état - ce n'est pas toujours très agréable de les regarder, et cela leur fait drôle d'être devenus identiques aux monstres qu'ils abhoraient quand ils étaient en vie.
Les metalleux, les electro-goths ou je ne sais quel nom on leur donne, prennent là une sacré revanche. De plus en plus, c'est eux qui définissent la norme.
Ne voulant pas mourir idiote, et puisque je dois bien penser à la suite des événements - vais-je oui ou non passer ma mort terrée dans un cimetière -, j'ai décidé de me renseigner un peu. J'ai choisi des vêtements simples mais pas trop élégants et j'ai pris mon courage à deux mains pour passer la porte d'un de ces clubs devenus les points chauds du centre-ville. Le videur m'a regardée bizarrement : il faut dire que je dois avoir le triple de la moyenne d'âge. Il y a des choses qui ne changent pas, et les vieux morts ont toujours peur de ceux qui sont décédés jeunes. Il y aussi quelques vivants dans la salle, cependant, on les repère assez aisément même s'ils sont couverts de fond de tein blanc.
Sur scène, des types maigres aux cranes lisses dansent convulsivement, adaptant leurs mouvements au rythme épileptique de la musique, comme secoués de spasmes à chaque attaque des spots agressifs qui clignotent au plafond. Quand le chanteur empoigne son micro, sa voix est si grave qu'on la dirait venue d'une cage thoracique trop profonde, où les côte sont des arches soutenant une caverne. Cette voix râpe la gorge au passage puis explose en confettis répercutés sur les murs de la boîte. Les zombies et les humains tressautent dans la lumière hystérique, tous en rythme, et je suis submergée par la force qui émane de la foule, par son parfait ensemble et sa constitution pourtant chaotique. C'est comme la mer, faite de millions de vaguelettes et de ridules désordonnées, et qui pourtant courent ensemble vers la plage, et forment cette entité immense, mystérieuse et profonde.
We are dead, fuck you! Je souris, parce que ces morts le sont bien moins que beaucoup de mes contemporains, et que dans leur bouche, ce slogan sonne comme un sésame pour l'avenir.
Re: We're going to hell
Au fait, j'ai bien aimé ton texte, Mu Je trouve qu'il traduit plutôt bien l'ambiance poisseuse, proche de l'hystérie, d'une salle de concert où évoluent des centaines de personnes, sur le même rythme. Ce phénomène de foule est fascinant, et tu en décris bien l'emprise. J'aime beaucoup l'image du réseau sanguin qui court entre les danseurs, ainsi que "les ténèbres moites des premiers cauchemars". D'un point de vue purement stylistique, seul le "rythme omniscient" me parait une curieuse association de mots... (et j'ai encore oublié de quelle figure de style il s'agit )
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