Ma maison

Laissez-vous aller à rêver un peu... Décrivez-nous votre foyer idéal, votre demeure, votre chez vous.


Chez moi le soleil ne brille pas toujours, mais le ciel est vaste et les arbres nombreux comme une foule d'amis. Chez moi d'ailleurs les amis viennent souvent, pour remplir le soir de rires et de discussions remuant ciel et terre. Chez moi la vie tremble, nouvellement née à chaque aube. Les aurores sont des effusions de rosée et d'odeurs humides et poignantes. Les soirées sont interminables, se mesurant en verres de vin.
Chez moi, ça sent la cuisine et le bois ciré, les bougies et le tabac. Ce n'est pas trop grand mais la salle de séjour ressemble à une véritable salle de banquet, avec sa grosse table de bois et sa cheminée ronflante présidant les assemblées qui s'y tiennent régulièrement. La chambre est au Nord, dans les ténèbres, le bureau vers le crépuscule, pour regarder vers l'Ouest quand l'écriture me prend. La cuisine à l'Est pour se gorger de lumière quand le jour revient.
Chez moi peu de routes mènent, assez pour que je puisse les remonter jusqu'à la civilisation, et pas assez pour que la civilisation remonte jusqu'à moi.
Chez moi il y a un piano pour que j'y joue, peut-être un jour. Chez moi il y a un homme assez silencieux, sauf quand il est joyeusement pris de boisson ou de bonne humeur irrationnelle, et des chats discrets, habitant la demeure comme des esprits familiers. Chez moi résonnent perpétuellement des musiques qui nous rappellent qui nous sommes, au cas où le temps nous userait. Chez moi, il n'y a pas de jardin, seulement des massifs invisibles d'imagination et une vigne vierge qui dévore la maison.
Nous vivons là-bas, chez nous, près des tempêtes et de l'horizon.

C'est superbe, surtout la conclusion

Chez moi est un parmi quelques uns, cœur de hameau au fond des bois. Chez moi est enraciné dans les terres mystiques et les collines mystérieuses. Les pierres plusieurs fois centenaires soutiennent une charpente tortueuse ainsi qu'un toit de mousse et de chaume. L'odeur de la forêt, les senteurs de terre riche et d'humus rappellent que la vie est partout environnante. Chez moi est protégé par la nature, l'ombre des sous-bois apporte sa fraîcheur l'été venu, et une couverture de feuilles rousses nous emmitoufle l'hiver. Devant la maison cours un petit ruisseau intrépide dans lequel les lutins viennent jouer et se désaltérer.

Chez moi est tout petit mais confortable et plein d'histoire ! Le vieux plancher brut grince comme le pont d'un bateau. Une seule pièce au rez de chaussée. En son milieu trône une lourde table de bois, massive, mais douce avec ses contours élimés par le temps. Elle symbolise l'équilibre entre la force et la sagesse. Comme un vieux guerrier elle porte les stigmates de nombreux combats : entailles, tâches et marques diverses nous content sa légende. Un peu plus avant, la cheminée et quelques coussins pour imiter les chats et rôtir devant le foyer. Enfin, le saint des saints, sous les poutres, derrière le vieux rideau, se trouve le bureau et la bibliothèque. Jusqu'au plafond s'entassent les ouvrages de toutes époques. En cet endroit, on laisse la poussière faire son œuvre en paix.

On accède à l'étage par une échelle craquante. On découvre alors une petite chambre sous les combles. Une lucarne permet, allongé sur le lit, de contempler le ciel étoilé.

Chez moi est au-delà du temps et du monde. Chez moi est dans un autre univers, fait d'infini, de silence et de contemplation. Le voyageur sera le bienvenu chez moi, s'il sait dans le brouillard trouver le chemin de ma porte, et patienter jusqu'à ce que je l'ouvre ...

Bravo et merci!

Ce petit texte retranscrit bien l'aspect douillet de ton chez-toi. C'est plein de magie subtile, de vieilles poutres et de tranquillité... Ça fait envie!

Joli texte, Caddug. J'aime bien sa simplicité poétique. J'ai bien réussi à imaginer ta maison, et en plus je crois que nous rêvons exactement de la même grosse table en bois
Merci d'avoir posté !

Ma maison se situe au troisième étage d'un HLM rempli de gens divers, l'alcoolique de sexe féminin du quatrième qui fume dans l'ascenseur en sortant son clébard nommé Titeuf, le retraité d'en face qui nous gentiment prêté un marteau pour monter nos meubles, les cas sociaux qui sortent chercher le courrier en pyjama ras la touffe.

Mais dès qu'on pousse la porte de l'appartement 34, tout cela n'existe plus. Ca a commencé le 3 septembre. 50 mètres carrés vides, à l'exception près d'un matelas tout neuf, posé dans la pièce qui allait nous servir de chambre. Dès notre retour de vacances, l'appartement s'est mis à vivre. Les amis proches sont venus nous aider à déménager, monter les meubles tous neufs fraîchement achetés chez un marchand suédois dont je tairais le nom, et puis enfin, enfin ! Le camion qui arrive de Marseille, avec à son bord, mon monde. Mes livres, mes posters, mes poupées, mes dessins, tout.

Des jours pour ranger les ouvrages minutieusement comme je le voulais. Trois bibliothèques au total. Il va m'en falloir une quatrième, je n'ai plus la place de ranger les livres. Mais ma maison, c'est aussi la sienne. Dans notre appart, les livres cotoient les jeux vidéos, les peintures et les journaux s'accommodent de six ou sept consoles et d'un grand nombre de DVD.

Notre maison, ce n'est pas tellement ce qu'elle est, mais ce qu'on en a fait. C'est chez nous. Un peu bordélique, certes, mais la porte est toujours ouverte aux amis et aux proches. La musique résonne souvent entre les murs, ce qui n'est pas toujours du goût du chat qui vient souvent mettre les pattes dans ma peinture... Les deux pièces importantes dans cette baraque, c'est quand même le salon et la chambre. Dans le salon, pendant que mon geek passe des heures sur son PC, je bouquine, je peins, j'écris, je créée, je lui fais des réflexions sur tout ça. Il répond parfois, il se marre souvent. La chambre, avec le matelas le plus confortable qu'il m'ait été donné de tester, a abrité mes plus longues lectures, des pages et des pages de culture et de romans, de journaux et de nouvelles avalés avidement. j'ai tenté de reconstituer dans cette pièce un environnement qui me rassure : sur le mur, au dessus du carton qui fait office de table de chevet, j'ai collé des dessins de mon âme soeur, une photo de Tairrie B., une affiche format A4 de la 5eme Nuit de l'Anarchie au théatre Toursky à Marseille. Un des meilleurs souvenirs de ma vie. J'avais douze ans. On ne se refait pas.

Chez moi, c'est chez nous, c'est eux, c'est chez vous. Poussez la porte, n'ayez pas peur, (car nous n'avons pas peur ), il y aura toujours des pâtes pour vous nourrir, toujours des bières pour vous désaltérer, toujours de la musique, des rires, un matelas pour vous reposer. Sleep my friend, and you will see, the dream is my reality...



ps : j'adore vos textes. Le mien vaut pas grand chose à côté.

Tu déconnes, il est vachement bien ton texte!!

Je sais pas. C'est pas l'effet que ça m'a fait quand je l'ai posté. En fait je crois qu'il est juste simple, je suis pas trop dans la poésie en ce moment.

Moi j'aime bien, à part une chose: on m'a dit que les marseillais étaient tous des fous... Désolé mais je n'ai que 'plus belle la vie" comme moyen de comparaison.
J'aime beaucoup ton texte, surtout le chat qui met les pattes dans la peinture, ça donne envie de venir faire un tour!

Mais quand tu veux, la porte est ouverte !!

Il parait peut-être que les marseillais sont tous des fous, mais il a fallu que je déménage à Dijon pour voir des racailles régler leur comptes à coups de Katana dans un centre commercial bondé un samedi aprés-midi...

En plus on raconte que dans le sud on conduit comme des fous, mais en proportion sur toutes la France, ça a été prouvé que c'est dans la région PACA qu'il y a le moins d'accidents mortels.

Bref. Plus belle la vie. Errrrrrrgggg. A l'aide. Mais quel est le connard qui a inventé cette série de merde que j'aille lui mettre ma paraboot au cul ?

Tout ça pour dire que Marseille est une belle ville, dommage que ça soit crade et plein de racailles, ceci dit, dans le nord les gens extériorisent beaucoup moins... Ca m'a fait bizarre quand j'ai bougé sur Dijon.

Mais bon, t'as pas tout à fait tort, je suis marseillais et je suis un peu fou. Ceci dit, hein, comme dit, faut pas prendre son cas pour des généralités. Les marseillais, c'est pas qu'ils sont fous, c'est qu'ils ont le sang chaud, ils extériorisent. Voilà

Et puis Marseille, ça a plein de bons côtés, que j'espère je vous montrerai un jour...
Puis y'a I AM, Keny Arkana, Jean Claude Izzo...

C'est une ville à part. Le monde entier nous envie nos calanques, mais pas nos racailles, et encore moins nos restos à touristes sur le vieux port, qui te sert de la bouillabaisse leader price en te disant qu'elle est maison... Sauf bien entendu, le MIRAMAR, qui a un ou deux macarons au Michelin... Miam !

Allez j'arrête. 22 ans là bas, y'en a des choses à raconter.

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Entièrement d'accord avec tes deux dernières phrases.

Allez, j'essaie un truc. Pas follement original et pas super bien écrit, mais c'est pas grave :

Chez moi vit un homme silencieux, seul ; parler au sol ne le satisfait plus. Ancien soliloque, il est passé muet, sauf quand il suit à tue-tête les paroles des chansons que ces enceintes crachent. Chez lui, ça ressemble un peu à moi : les décorations sont rares, la tapisserie est laide et salie, le soleil ne sourit au salon qu'avant midi. Le soir, chez moi, sous la fenêtre de la chambre, les chats sifflent et miaulent, les souris s'enfuient vers leur issue de secours.
Chez moi, il y a une salle de bain et une glace, qui me renvoie l'image de ma face et de ses traits grossiers, de ses sourcils épais, de sa barbe et sa moustache ; et face à ce reflet, je ris, car ma tête s'accorde bien avec le reste et je l'apprécie pour ça.
Chez moi, il y a du son en continu, et le pc assume dix-sept heures d'activités avant son extinction.
Chez moi le ménage n'est pas fait, sauf quand je reçois ou si la poussière me fait tousser ; la vaisselle reste sale des jours, le linge n'est pas repassé et repose sur le sofa bleu.
Chez moi, les livres et les bd sont rangés, ordonnés ; sans surprises ils sont bien en vue, occupent l'espace, définissent le plus ce que je suis.
Chez moi, il y a du café, de la bière, du rhum et son sucre et sauf quand il n'y en a plus, du citron vert. On ne sent pas les odeurs de cuisine ; chez moi, les recettes ne sont pas respectées et de toute façon, par flemme, je ne mange pas beaucoup, ni sainement.
Chez moi, j'entends les cloches sonner la messe, sans se soucier de ceux qui ne souhaitent pas quitter les draps si tôt.
Chez moi, c'est une cellule de sécurité ; je m'y ressource un peu, je m'y ennuie plus. Une semaine au sein des miens et je ne pense qu'à rentrer pour me retrouver seul. Chez moi, les visites s'y font rares, mais la porte reste ouverte ; ceux qui la franchissent sont assurés de me voir leur tendre la main avec le sourire.
Chez moi, ce n'est qu'une étape, un chapitre de mon histoire. Un jour, insolent, je mettrais les voiles ; je n'aime pas le surplace, j'ai la certitude de me perdre si je connais trop le chemin.
Un jour, soyez sûr, je ferais le mur, abattrai la façade et irai m'installer sur Mars.

Très joli, Gradlon! Simple et émouvant

Merci