Petit exercice

Commençons par un petit exercice assez simple et classique, mais que je trouve rigolo. L'idée, c'est de donner un thème, et des mots à placer.

Thème : boire un verre.
Mots à placer : histoire, vide, grise, languir, chat, cigare, inévitablement, inviter.

Voilà, voyons si ça vous inspire, j'essaierai de concocter un petit texte par la suite.

Boire un verre

Avez-vous déjà essayé, fous gandalfiens que vous êtes, de boire un verre avec un chat fumant le cigare? Non? C'est pourtant ce qui m'est arrivé; voici mon histoire.
Un jour que dans mon appartement je me languissais de mon amant, voilà mon chat qui me lance: "Pourquoi fais-tu grise mine? Tu es aussi joyeuse qu'un verre vide!"
Inévitablement, me voilà pâmée de surprise; à mon réveil, mon chat amusé, tenant d'une patte un cigare fraîchement allumé, me tendit un verre plein et m'invita à le boire.
C'est ce que je fis pendant toute la soirée; maintenant je ne sais plus si le premier verre a été bu avant ou après mon histoire...


C'est ridicuuuuule, mais je rêve que mon chat se mette à fumer le cigare

Hihi, j'adore !

Thème : boire un verre.
Mots à placer : histoire, vide, grise, languir, chat, cigare, inévitablement, inviter

Il me racontait une histoire. Je ne savais plus trop laquelle. Celle du chat, peut-être. Je m'ennuyais avec ma bière, aux trois quarts vide. J'observais la fumée paresseuse étendre son écharpe grise au-dessus de sa tête étourdie, et tirai à m'en donner le vertige sur l'un de ses maudits cigares. Minuit. Le bar était glauque, presque désert, et il m'aurait plu d'inviter un de ces piliers de comptoir dont la conversation m'aurait moins fait languir que la grise ineptie de mon interlocuteur qui terminait inévitablement la discussion par le récit stupide de l'aventure de son idiot de félin. Le chat. Son histoire, c'était que par une grise matinée il avait inviter un huissier à fumer le cigare, tandis que le chat languissait sur la fenêtre et avait inévitablement fini par sauter dans le vide. Triste, n'est-ce pas ?

Les murs gris du Black Hand Inn devenaient peu à peu flous. Le monde, la musique brutale, tout cela semblait ne plus exister pour Killian : les vapeurs d'alcool, inévitablement après tant de liquide malté absorbé, rendaient le décor étrange et lointain. Thörkil, ivre lui aussi, racontait une histoire de fous à Killian - "Alors tu vois les racailles ils sont tombés à dix sur les skinheads, moi je les regardais aha ! Ca m'a fait marrer de voir les fafs et les cailles s'entretuer ! Ahaha c'était drôle, mec, j'te jure !- qui le dévorait de ses yeux de chat, immenses, bleus, merveilleux. Peu importe ce que son amant pouvait bien dire, car rien d'autre que lui à cet instant ne comptait. Tout, autour, avait disparu. Killian baissa les yeux : encore un verre de vide. Songeant avec satisfaction à tout cet or liquide qui emplissait son estomac, il commanda une autre bière, alluma une clope. Les deux seules blondes qu'il aimerait jamais sur cette terre.

Près d'une heure plus tard, Thörkil invita son amant à quitter le bar. Ils sortirent du Black Hand Inn bras-dessus, bras-dessous, dans la froideur blanche de la nuit. Ils marchèrent un moment entre bitume et étoiles gelées ; Killian se marra un moment devant devant un poteau électrique qui semblait, à son regard ivre, être un immense cigare dressé vers le ciel, hésita à descendre un escalier dont les vapeurs d'alcool rendaient les marches bancales, se retint à Thörkil, à peine moins saoul que lui. Une centaine de mètres plus loin, ils tombèrent assis sur les docks du port, contemplant l'immensité languissante de la mer, cette vaste étendue d'encre sur laquelle se réflétait la lune, cercle d'or. Décidément, ce soir, il y avait de l'or partout : dans les yeux de Thörkil, dans la bière, sur la mer. L'or de la vie, l'or de la béatitude instable provoquée par l'ivresse. Killian posa sa tête sur l'épaule de son amant, serra sa main dans la sienne. La nuit allait être tendre.


ps : désolé j'ai écrit un pavé, mais j'arrivais plus à m'arrêter. Déjà là, j'ai dû me forcer à stopper... ca me rassure, j'ai l'angoisse de la page blanche depuis quelque temps.
Le Black Hand Inn existe, c'est un bar Metal à Marseille, top ambiance, top musique, top bière. 19, rue d'Italie. 13006 Marseille.

Thème : boire un verre.
Mots à placer : histoire, vide, grise, languir, chat, cigare, inévitablement, inviter.


J'ai décidé d'aller prendre un verre avec elle.

Depuis le temps. Elle était libre, j'étais libre. Rien de plus simple. Lui demander, c'est tout. Au téléphone, moi nerveux, timide, tremblant, à lui raconter dieu sais quelles histoires...
Elle est curieuse, avide. De tout. A tel point que je me dis qu'inévitablement, elle avalera le monde un jour, à force de tout avaler. Tout. Les histoires des enfants qui rient comme des oiseaux, les chats qui grimpent sur les pierres fatiguées en miaulant Dieu sais quelle mystérieuse complainte, le hurlement du silence quand la lune éclaire la mer, le silence des vagues déferlant sur la côte, le soleil qui pose son regard brulant sur le Dhhâmmapada ouvert à la page 88, ces incompréhensibles documentaires sur les oléoducs et les gazoducs dont la majeure partie des êtres humains de cette planète se foutent royalement, ces petites vieilles qui se souviennent inévitablement de ce que le hasard a gravé dans leurs toutes petites vies - et ces souvenirs, c'est comme si l'on plongeait un drap rempli de couleurs das l'eau, et que les couleurs semblent s'y évaporer, sauf que ça va s'évaporer Dieu seul sait où, et nous seuls ne savons pas comment -, ces esquimaux glacés qui fondent dans les doigts sous le coup des saisons, le goût des pâtisseries à 5 heures du matin, les ivrognes qui vous soutiennent que leurs yeux noirs sont gris verts, bref, tout.

Impossible de la faire languir, impossible. Non, hors de question plus exactement. Et pourtant j'ai tourné autour du pot jusqu'à ce que ça sorte, d'un coup.

" ...Et à ce moment là, il s'est dit que déménager à des kilomètres ce serait peut être pas une bonne idée, alors il a laissé tombé l'idée, enfin lui, il a décidé qu'ils n'iraient plus à Toulon; alors naturellement elle, elle l'a mal pris, enfin tu la connais, alors il y a eu dispute bien sur, et c'est la que Vincent m'a appelé, parce qu'il était encore énervé contre elle et...Tu veux aller boire un verre avec moi demain?
- D'accord."

J'ai raccroché. Je me suis senti vide, vidé de quelque chose.

C'était fait.

Dehors.
Journée grise, grise, grise. Tout ce que je fais semble gris, mais comme gris argenté. Gris étoilé.

J'ai demandé à ce petit vieux qui vient tous les après midi, près de la plage, pourquoi est-ce qu'il venait toujours sur ce banc la, à 14h précise, fumer un cigare en regardant la mer. Je me demandais quelle fascinante histoire allait sortir de sa gorge fatiguée quand il m'a dit après un long soupir

"J'en sais rien...J'adore juste faire ça c'est tout. Ce moment de la journée. C'est un peu mon moment à moi vous comprenez?"

Et naturellement je comprenais.


NB: écrit pls ou moins en dix minutes, soyez indulgent svp :$)

Merci pour vos textes, tous écrits sous impulsion (c'est ce qui rend entre autre cet exercice intéressant selon moi) et cela a donné comme je m'y attendais des choses assez surprenantes !

Le chevalier était assis dans l'angle, près de la fenêtre. Sa tête était retombée sur la table, alors que sa main tenait toujours mollement l'anse de sa pinte. Déjà quand il était arrivé, tout le monde avait pu constater qu'il était épuisé : il avait trébuché sur le chat. Puis il avait demandé une pierre. Ses membres devaient lui paraître très lourds. A présent qu'il dormait, je pouvais l'observer à loisir. Ses cheveux blonds tombaient sur son front, à mon grand dépit puisque son visage m'avait semblé charmant, le peu de temps que j'avais eu pour l'apercevoir. Il portait une armure argentée aux larges épaules, et une très grande épée au pommeau doré que je n'aurais jamais pu soulever. Toutes ces couleurs se mariaient divinement bien avec le vert absinthe de la banquette en velours. Il ne manquait plus qu'une chose à ce garçon : moi. J'admets que j'étais grise. Armée de mon verre presque vide, je me glissai sur la chaise à ses côtés. Le chevalier se réveilla et releva la tête d'un air ensomeillé. Inévitablement, il sursauta en me voyant, et j'espérai que c'était de surprise et non parce que j'avais une sale tête. « Vous voulez un cigare? » lui proposai-je. Sans attendre sa réponse, je posai ma boîte sur la table et la poussai vers lui. Il se servit d'une main hésitante. Triturant son cigare du bout des doigts plutôt que de le fumer, il me demanda, poli mais perplexe : « Qui êtes-vous?
- Mon nom est Kalys
Je vis à son air que je ne lui avais pas appris tout ce qu'il voulait savoir.
- Si vous m'invitiez à boire un verre?
- Euh... si vous voulez »
Comme il était lourdement armé, je me levai à sa place et en profitai pour lui amener une autre chope, qu'il accepta avec un hochement de tête. Après cela, l'histoire est plus floue. S'y mêlent les reflets cuivrés de la bière, les cornemuses des musiciens qui jouaient près de la cheminée, au fond de la salle, l'odeur sèche du tabac et le goût des lèvres du chevalier. Il n'était plus là ce matin. Quand je retournerai à la taverne, je m'assiérai à sa place et je languirai de le voir apparaître à la porte, entouré d'un halo de neige. Je ne saurai jamais la raison de son passage à Hersenbourg.

Un texte foutrement imparfait, je vous l'accorde... Il m'a été inspiré par l'adorable Neil MeqVren, le chevalier de la Reine, dans Les Royaumes d'épine et d'os de Greg Keyes.

Wha voilà un style que je ne te connaissais pas ! J'aime énormément le début, surtout quand il demande une pierre

Moi aussi j'aime beaucoup ce que tu as fait Kalys; en effet ça m'a fait penser à Greg! Mais ton chevalier ne te mérite pas, il a l'air trop niais et en plus il est blond, bouuuuuuh! Passe donc me voir un de ces quatre rue Noël Dufail; je peux te dre qu'après, l'histoire ne sera pas floue dans ta tête!

Merci les filles!!

@ Mu : ah bon, tu ne connaissais pas ce style? Etonnant...

(désolée celui-là je le mets parce qu'il est trop cool et que je l'avais jamais vu lol)

Thème : boire un verre.
Mots à placer : histoire, vide, grise, languir, chat, cigare, inévitablement, inviter.

A ton tour, petit nouveau... (je me présenterai plus tard, si vous le voulez bien...)

« Livide »

Le truc, c’est d’y aller. On a beau dire, on a beau ne pas le faire, on y pense, beaucoup.

Inviter. Oui mais qui ? Et puis quand… Cette histoire sonnera comme une rengaine. Inévitablement.

Accoudé au zinc du « Maître de Séant » que je connaissais de fraîche date, je me rongeais les sangs à l’idée même qu’on puisse me regarder de travers. J’étais pas d’humeur. Pas que l’endroit soit particulièrement mal famé, non. Plutôt mal « femmé », excusez le jeu de mots. Savez, avec les types qui fréquentaient ce bouge, je n’ai jamais vraiment su à quoi m’attendre : c’était la lutte perpétuelle méfiant-perfide. Dans ce lieu, les histoires s’enchaînaient comme les verres, qui se vidaient, comme ceux qui les buvaient.

Quand arriva un jour au milieu des borborygmes une plantureuse créature, chatoyante, féline, aérienne, la mise en orbite fut rapide. Maigres, grands, secs, gras, petits, puants affluèrent de toutes parts. Puis refluèrent, la jeune femme voulait être seule. Mais ne disait rien. Je la regardais, fasciné par son impassibilité et par sa manière unique de rembarrer l’importun qui se croyait opportun : ses yeux gris se décillaient très lentement et d’un regard glacial, à la simple lueur de ses iris, faisait fondre toute possibilité de dialogue.

Pour intrigué que j’étais, je ne pouvais rentrer chez moi sans avoir tenté ma chance. Pour cela, il me fallut quelques gorgées de courage et d’un peu de whiskey. Je n’avais qu’une obsession en tête, basée sur un jeu de mots stupide qui m’était venu subrepticement sans crier gare. Ce mot était « livide » : livide comme je l’étais à présent au moment de me lever et d’aller aborder la jeune femme, mais aussi en pensant à mon lit vide, froid, qui m’attendait, défait d’impatience. Ridicule, pensais-je, mais ça me revenait quand même… Livide. Bordel. Il a suffi que la cendre de mon cigare allège la doublure de mon tweed pour me faire oublier cette stupide idée. Me dressant sur-le-champ, époussetant tant bien que mal cette foutue cendre, renversant au passage les shooters de mes voisins de zinc, je me rendis vite compte de la mouise dans laquelle je m’étais fourrée… Relevant le bord de mon feutre, je m’excusais platement, en vain surtout. Les faces enfarinées qui me tenaient tête ne voulaient rien savoir.

Sculpturale et divine, la jeune femme choisit ce moment précis pour déplier ses longues cannes et se diriger vers moi, avec un déhanchement à faire pâlir. Ce que je fis moi-même. Livide encore une fois. Quand elle s’arrêta à quelques centimètres de mon visage, j’avais le cœur qui battait à deux cents tours minute. Le brouhaha avait brusquement baissé d’intensité. Seule la musique, une sorte de gigue, continuait à sourdre au milieu de ce calme apparent. C’est là qu’elle me dit du bout des lèvres, mais suffisamment fort pour que tout le monde puisse l’entendre, ces quelques mots qui me resteront longtemps en mémoire.

- « J’étais venu spécialement pour toi, Buddy Boy »

Coi. J’en restai coi. Pas longtemps, remarquez, puisqu’un long filet de rires gras manqua me faire défaillir sur place. Elle quitta l’assistance telle une déesse et je ne sus jamais qui c’était.

Comment est-ce qu’on dit dans ces cas-là ?… « Je me languis de son absence » ?

Voilà un texte pour le moins surprenant! Il est aussi chaotique qu'une nuit d'ivresse... On n'en comprend pas bien les tenants et les aboutissants, et pourtant il vous accroche, un peu comme la fumée des clopes qui vous retient dans un bar sombre. Tu devrais répondre aux autres exercices!

PS : Bienvenue, au fait

J'ai un avis plutôt mitigé sur ce texte, qui a pourtant le mérite d'être très bien écrit. Des phrases bien construites, un style clair et agréable, une touche d'ironie le plus souvent très bien placée et aux accents masculins qui rapellent un peu des gangsters romantiques de Chicago (ouhlà, je m'égare moi), enfin bref, j'aime!
Ce qui me plaît moins est dans le sujet, un peu caricatural, de la femme mystérieuse et fascinante qui jette son dévolu sur un homme parmi les autres, le héros, sans que l'on sache pourquoi... ça a des accents (enfin, dans ma tête) de vieux fantasme usé. Mais encore une fois, l'humour qui est entrelacé à l'histoire rend la chose moins évidente

Sinon, seule entorse à la fluidité de la lecture, l'utilisation de déciller; dans ce contexte, non seulement un mot plus simple, pour un geste qui ne mérite pas autre chose, est plus approprié, mais surtout (après m'en être assurée dans le dico, quand même) déciller ne convient pas au niveau du sens: il veut dire "faire voir, faire ouvrir les yeux".
Et, ça paraît mesquin mais ça change tout, n'oublie pas le -e à la fin de "venue" dans la phrase de la femme mystère... sinon le texte prend un tour comique assez inattendu!

Livide, livide, lol. Mais où est le chat dans tout ça?

Bonjour à tous.

Merci pour vos retours ! En tout cas, ce que j'apprécie, c'est l'honnêté, la franchise avec laquelle vous avez répondu. Vos remarques sont très justes : pour les fautes d'orthographe, j'ai un peu honte, elles y sont bien. Et puis en relisant ce texte, je m'aperçois qu'une tournure de phrase n'est pas bonne : "Pour cela, il me fallut quelques gorgées de courage et d’un peu de whiskey.".

Pour déciller, je l'entendais comme l'action d'ouvrir lentement les yeux, comme le contraire de "ciller". Enfin, je reconnais que j'aurais pu employer un terme plus approprié.

Quant au sujet : j'ai une façon plutôt "instinctive" d'écrire, avec un besoin de bien préciser ce que je "vois". Je voulais effectivement revenir à une écriture simple, vivante, par petites touches, alors que j'écris habituellement de longues phrases (après tout, c'est un exercice... ). Le côté caricatural vient certainement du fait de mon inspiration liée aux polars des années 50, avec, il est vrai, ce côté macho qui me paraît répondre plus à un mythe qu'à un fantasme...

Pour finir, le chat... Il était bien caché (j'essaye d'insérer des doubles sens ou des petites choses dans mes textes, avec plus ou moins de réussite, à la manière d' "Où est Charlie") : "une plantureuse créature, chatoyante, féline" : ... Bon c'est pas très glorieux, je sais. Je ferai mieux la prochaine fois !

J'avais vu chatoyante, sale tricheur!
Les fautes d'orthographe, il n'y a pas de quoi en avoir honte parce que je ne les ai guère vues, et ce que j'ai vu ressemble plus à de l'étourderie qu'à un vrai problème.
Sinon, comme ce n'est pas du tout mon univers, je suis la première à dire que ce qui me paraît macho et fantasme peut être vu comme un mythe par d'autres... je pense que là, on peut n'y voir qu'une divergence de goûts.

Et pour en finir avec cette histoire de cils; oui, je me doutais bien que tu l'entendais de cette manière, mais ça ne veut quand même pas dire ça (comment ne pas paraître être une connasse obsessionelle en écrivant cette phrase? Avec un ptit smiley? )

Bref, j'ai hâte de lire autre chose de toi

Linaka chercherait-elle à écrire un rébus avec tous ces smileys?

Pour en revenir au texte, comme Linaka je suis peu sensible à ce mythe de la femme fatale extrêmement mystérieuse, mais je trouve que tu as réussi ton pari : rédiger des phrases courtes qui font mouche en dirigeant l'attention sur les détails, créant ainsi une atmosphère enfumée, poisseuse et glamour (je sais, c'est un termer extrêmement galvaudé, mais il fut un temps où il avait du sens)

Il ne me semble pas que la tournure que tu cites soit incorrectes, avec ou sans d.
Marrant le coup du chat caché Sinon je n'ai pas grand chose de plus à ajouter...

Kalys a écrit:Linaka chercherait-elle à écrire un rébus avec tous ces smileys?

Oui: traduction: Kalys et Solenn, venez chez moi qu'on s'amuse

Je déterre un topic de plus, parce que ça m'amuse, tout simplement.

Thème : boire un verre.
Mots à placer : histoire, vide, grise, languir, chat, cigare, inévitablement, inviter.

Chat on the bar

« Bon tu la racontes ton histoire ?
— Attends. Un peu de patience, c'est pas le genre de récit qui se débite d'une traite comme ça. Il faut l'introduire avec douceur, puis accélérer, changer le rythme, tenir la distance pour enfin terminer en apothéose.
— Tu parles de la chatte que t'as rencontré hier, là ?
— Ouais… sacré tigresse, crois-moi. »

Le persan blanc tira une bouffée de son cigare, qu'il prit trop importante, et manqua s'étouffer avec. Son compagnon, un chat de gouttière au pelage anthracite habitué aux tripots misérables et aux clopes roulées, sourit en le voyant cracher ses poumons. Une fois la quinte de toux évacuée, le gros matou reprit :
« Bref. Les gonzesses, c'est toute une histoire ; par conséquent ce qui fonctionne pour les premières marchent très bien avec les secondes. Il faut pimenter le conte si tu veux maintenir éveiller l'auditoire, ne pas hésiter à partir dans des directions inattendues, à retourner la situation…
— Oh là ! on se calme, Cerdan, interrompit son acolyte, en se demandant pour la énième fois ce qui avait pu décider ses maîtres à lui donner un nom aussi peu approprié. Je ne veux en aucune manière connaître les détails de ta nuit de stupre. Accouche plutôt ce que tu veux me dégoiser.
— Ça va venir, mais si tu ne me laisses pas faire la préface, le reste sera inévitablement sans saveur.
— Ce qui est inévitable, c'est que si tu te magnes pas de déballer tes salades, je vais aller faire jouir les minettes du fond rien qu'en leur montrant comment un vrai chat joue du billard. En outre, je lis jamais les préfaces.
— Très bien, Minou.
— Rhaa ! m'appelle pas comme ça ! cracha le chat gris, agacé.
— Fichtre ! Le nom qu'on t'a donné ne te sied donc point ? ironisa Cerdan. Souhaites-tu que je t'introduise auprès de ces charmantes femelles ?
— Tu n'introduiras rien du tout, maugréa Minou, qui préférait se faire appeler Behemoth, en rapport au chat noir dans Le Maître et Marguerite. »
Minou-Behemoth pencha sa choppe pour en faire tomber la dernière goutte de bière. « Vide. » dit-il, comme si son interlocuteur ne l'avait pas remarqué, avant de se lever pour aller chercher deux canons de plus. À son retour, le gros et poilu persan se grattait ostensiblement les crocs avec l'une de ses griffes.
« Il y a plus glamour, lui souffla le chat de gouttière.
— Une souris qui s'est invitée à la fête… elle fait partie de mon histoire, d'ailleurs.
— Qui n'avait pas encore commencée, lui rappela son ami. »
Cerdan soupira, but une gorgée et aspira avec prudence la fumée de son cigare.
« Tu vois la chatte d'hier ? Elle était accompagné par un siamois laid comme c'est pas permis, à l'allure chafouine et à l'odeur rat-porc. Je voyais bien que la petite faisait grise mine mais visiblement elle ne pouvait pas trop s'éloigner de son mâle. Mais tu me connais, j'ai un cœur tendre, ça me faisait de la peine de la voir languir ainsi… »

Son récit dura tout le reste de la soirée, en fait jusqu'à ce que le patron, un mau égyptien, décida qu'il en avait marre de voir les matous miauler sur son zinc et ferma la boutique. Après les deux verres, ou trois, sinon plus, les deux chats complétement ronds décidèrent de rentrer chacun chez eux, sur la pointe des coussinets pour éviter de réveiller ceux qui remplissaient chaque matin leur gamelle.

Hi hi!

J'ai pas trop compris lequel des deux chats racontait l'histoire, mais en tout cas, c'était complètement inattendu, et par conséquent, assez génial!

Ah bon ? Ben c'est Cerdan, le chat persan qui raconte l'histoire, et Minou, le chat de gouttière, (aussi auto-nommé Behemoth) qui écoute.
Mais si t'as quand même trouvé ça bien, ça me va (bien que je ne comprenne pas comment tu peux trouver ça génial si t'as pas compris qui parlait…)

Bah, parce que même si je me suis embrouillée, il n'y a quand même que deux protagonistes, et comme tes descriptions sont d'une grande efficacité, je me représente très bien la scène et le décor!

Et puis je trouve que ce jeu sur le "chat" est original et réussi.