Bloquée !!

Voilà, je traverse une mauvaise passe en écriture. ça fait plusieurs jours que je travaille sur deux trois nouvelles (j'arrive pas à n'en faire qu'une à la fois), et je n'avance pas. Je n'ai pas le bon "feeling". Je travaille sur le plan, je développe mes idées, mais j'ai toujours l'impression de galérer plutôt que d'avancer vraiment.
La musique me raconte des histoires, ou me rappelle des histoires, et j'ai envie d'en écrire d'aussi belles, de transmettre ce que j'ai pu ressentir en me laissant transporter par certaines histoires (par exemple j'écoute beaucoup la BO des Tudors en ce moment, et ça me donne envie de construire quelque chose d'aussi fort).
Il me semble pourtant que j'ai des choses à dire, à faire passer. Mais ça ne vient pas. J'ai juste quelques idées. Pas "d'inspiration".
il faut dire aussi qu'en un mois, j'ai encore appris beaucoup de choses sur l'écriture, et pas mal travaillée en bêta lectrice. Peut-être que tout cet arrière plan de pensée bloque un peu. Je conceptualise, intellectualise, et résultat je ne trouve pas la veine, la matière de la chose, ce que tu te prends en pleine gueule, bref, le petit truc en plus qui fait qu'un texte est super.
J'ai vraiment l'impression de tourner en rond. Je suis frustrée.
ça vous arrive ? comment faites-vous dans ces cas-là ?

Je bois une bière.











Bon bah dans ces-cas là, moi je ne suis pas un exemple : j'arrête. C'est la raison pour laquelle j'ai beaucoup de nouvelles non terminées, surtout ces temps-ci. Je passe à autre chose, j'abandonne la ou les nouvelle(s) en cours en me disant que j'y reviendrai.
Je n'ai malheureusement pas de solution... ça se débloque d'un coup en général, parfois des mois après.
Commentaire particulièrement constructif.

Bah, disons que j'arrive plus à m'accrocher sur les nouvelles que j'ai en cours : ce sont bien celles-ci, les histoires que j'ai envie de raconter. me manque seulement l'étincelle, et passer à autre chose n'aidera pas.
Parce que là c'est plus un blocage émotionnel. le scénario, et tout, ça se travaille. J'ai beaucoup appris à travailler "à froid" en écriture, histoire de ne pas être une poète romantique maudite qui n'écrit que quand vient la fièvre du samedi soir
Mais là c'est peut-être même le contrecoup de cette attitude : trop de réflexion nuit à l'écriture. En fait je crois qu'en écriture, on galère à intégrer des techniques, mais quand c'est fait, savoir écrire est un savoir profondément instinctif. Peut-être que c'est la phase apprentissage qui me fait des misères. (parce que c'est été j'ai commencé une démarche d'écriture un peu différente, plus sérieuse, plus assidue, à visée plus professionnelle, en fait... Non pas que j'écrivais n'importe comment avant, mais peut-être d'une manière plus ingénue).


PS : je bois une bière avec ou sans inspiration

M'en parle pas! Je suis en plein dedans!
Je pense qu'on se met dans une position d'échec. Moi, quand j'écris, j'ai toujours en tête deux référents : Six Feet Under, et la musique que je suis en train d'écouter, tellement géniale. Évidemment, il n'y a aucune chance que j'arrive à la cheville de ces gens-là. Mais c'est normal : nous n’œuvrons pas dans le même médium! Être aussi émouvant, écrire des phrases aussi belles que celles de Baricco ou de Barker, c'est intimidant, mais je trouve que cela paraît plus accessible.

J'ai l'impression que, de prime abord, la musique ne fonctionne pas de la même façon. On se la prend en pleine gueule, et nous qui ne sommes pas musiciennes, avons beaucoup de mal à interpréter ce que nous ressentons. Je pense qu'il faut d'abord digérer ces sensations. Écrire quelques mots, essayer de cerner le sentiment qu'elle nous inspire. Ensuite seulement, on pourra écrire quelque chose de fort.

Un projet comme Hell's Bells est un bon moyen d'y parvenir, je trouve. Par exemple, je vais bientôt poster un nouveau texte dessus. Le côté plus expérimental de ce projet me permet d'écrire un peu comme j'ai envie, sans me prendre la tête avec le scénario. Et je crois que dedans des choses se mettent en place, des choses que je pourrais reprendre et développer plus tard. Mais au moins ça permet la spontanéité, indispensable je crois pour écrire quelque chose de puissant par la suite.

C'est comme ça que j'essaie de gérer cette frustration. La fièvre. Avoir les doigts qui palpitent mais ne pas parvenir à en tirer une phrase, je connais.
J'essaie aussi de décrire les choses que je trouve belles, comme l'orage Ça aide à mettre le doigt sur ce qui nous fait frissonner.

On n'est pas vides : la preuve, on ne cesse d'imaginer, du moins de ressentir. La plupart des gens ne feront même jamais rien avec ça, parce qu'ils ne savent pas le faire. On a la chance d'avoir un moyen de s'exprimer. Mais du coup, c'est normal qu'on se prenne la tête pour le faire sortir...

Oui tu as raison, mais là le problème n'est pas seulement celui - éternel - de la musique. La BO des Tudors me rappelle aussi les meilleurs moments de la série, et j'ai envie de raconter ce genre d'histoire, d'évoquer ce qu'elle m'évoque (vanité des aspirations, aspect tragique de la vie, obsessions destructrices, manipulations, héroïsme et grandeur d'âme et bassesse et mesquinerie, mise en conflit de personnalités fortes, des caractères qui s'opposent... etc !)
Autre exemple de grande histoire qui nous amène partout, qui nous fait visiter l'âme et met en perspective les petites histoires dans un truc plus grand, plus universel : Hypérion, de Dan Simmons. Ce n'est pas seulement une question de style (c'est sans doute ce que je maîtrise le mieux, surtout le lyrisme). C'est que j'ai envie d'apporter cette profondeur, ce sens de l'Histoire, peut-être ?
Difficile de mettre le doigt dessus

Je pense que pour arriver à faire ça, il ne faut jamais cesser d'observer. Et prendre des notes. Tous les gens qui nous entourent sont susceptibles de devenir les héros de petites histoires. Et la grande histoire, ça, c'est à nous de la raconter, selon la perspective qui nous sied le mieux : tragique, apocalyptique, quotidienne...
Je suppose que ce qui est réussi dans les Tudors, revient à la même chose que dans Six Feet : c'est parce que les auteurs décrivent si bien ce que sont les gens, des plus ordinaires aux plus héroïques. Je crois que pour faire une histoire, il faut, avant tout, des personnages.

Bon, encore une fois, je parie que je réponds à côté

Non, non, tu as raison. Peut-être qu'au-delà du travail que j'effectue pour améliorer la narration, il faut que j'approfondisse la construction des personnages. Dans les dernières nouvelles que j'ai écrites, j'avoue ne pas m'être vraiment préoccupée de ce point. Mais je pense que même dans une histoire courte, on peut faire des personnages forts et marquants. C'est peut-être ça, aussi, le grain de sel qui me manque.
Mais bon c'est dur, quoi, les gens sont compliqués

En fait je vais développer avec un exemple, encore tiré des Tudors. Bon, il y a évidemment une réalité historique derrière, mais je pense que les scénaristes ont énormément brodé autour de ce qu'on sait de la personnalité d'Henry VIII. Ce qui fait qu'il est un personnage fascinant, c'est que sa naïveté, énorme, ne fait pas de lui un imbécile. Elle ne l'empêche pas non plus d'être cruel. Il est extraordinaire parce qu'il est contradictoire, et parce que la série exploite comment le fait d'être roi influe sur sa personnalité. Qu'est-ce que ça signifie pour lui ? En réalité, c'est la clé de sa personnalité. Il croit qu'être le roi va lui donner l'amour et la loyauté de ses sujets. cette naïveté est magnifique, parce qu'elle est tragique, et parce que ses déceptions pourront faire de lui un mauvais roi (on a une belle contradiction tragique entre l'idéal royal, une mise en scène de l'échec du rêve du monarque idéal).
Donc : on a un personnage, une caractéristique de base, mise en situation et exploitée dans l'évolution du personnage et mise en perspective dans les conséquences, dans les événements et les actes qu'ils entraînent. En fait, le personnage porte littéralement l'histoire. L'histoire fait le personnage, et inversement, d'une manière indissociable qui donne cette impression de profonde justesse, de vérité.
Voilà, je ne sais pas si j'arrive bien à m'exprimer.

Je n'ai pas vu les Tudors (comme beaucoup de séries), mais je vois bien ce que tu veux dire sur le mise en scène d'un personnage, d'une idée, d'une situation...C'est sans doute une partie de l'essence de l'art d'écrire, que Simmons possède par moments à plein, et notamment dans le cycle d'Hypérion, à mon humble avis un sommet d'écriture (beaucoup plus que son Echiquier du mal, que je trouve sympa mais sans plus ; de lui, je conseillerais Ilium + Olympos, et Terreur, dans un autre style).

Quand je n'arrive pas à écrire, comme en ce moment, je passe à autre chose, mais je continue à penser à ce que je veux écrire en arrière plan. C'est à dire que tout en faisant d'autres trucs (regarder des p'tits noiseaux ou des plantouzes par exemple, ou alors des mecs qui les écrasent allègrement, ce qui est moins drôle), je continue à mûrir mon projet.

Ainsi, je suis depuis longtemps sur un deuxième projet de roman, pour lequel je n'ai rien couché sur le papier (oui, je manuscripte) depuis quelques... mois (ben merde, déjà), mais dans l'intervalle, mes deux personnages centraux ont mûri (et d'ailleurs, je sens que je ne vais pas tarder à faire la récolte), mon intrigue a évolué et mon projet s'est un peu cristallisé. Je vais donc bientôt disposer d'ingrédients utilisables (mais saurais-je lier la sauce, c'est une autre histoire).

Une telle façon de faire, un peu dilettantiste, est probablement la raison pour laquelle je suis moins prolifique que d'autres...

Comme Kalys, l'observation des autres, la mémorisation des situations me sont une source d'inspiration. Je ne suis par contre pas persuadé que l'écriture spontanée soit une condition sine qua non de la puissance d'un texte : beaucoup de textes spontanés le sont (je pense, en raison de la sincérité dans l'expression du moment), mais des textes puissants doivent exister, dont l'accouchement fut difficile ?

hmm, j'ai manqué pas mal de discussions intéressantes et de textes/nouvelles mis en ligne (je rattrape petit à petit... )

maloriel, j'ai bien aimé tes inspirations d'après la bo des tudors (que je n'ai pas vu non plus), et l'idée d'évoquer autant de choses rends le projet d'autant plus enrichissant... mais forcément, plus difficile à atteindre (puisque la barre est forcément très haute ) d'autant si le texte est relativement court !.. quoique, roman et nouvelles sont deux exercices à part
le problème de la musique est qu'elle peut inspirer, mais parfois aussi fausser les impressions (exemple bateau : j'écoute de la musique cool, donc je peux écrire des choses cool )... pour le coup, si tel est le cas tu dois t'en rendre compte quand tu lis certains textes bien après, en ayant peut-être l'impression de les redécouvrir avec un point de vue nouveau ! (d'ailleurs, point de vue d'un musicien : je ne sais pas s'il est plus facile de mettre des mots sur ce que l'on ressent quand on écoute de la musique, puisque ce sont des mots justement )
les idées d'observation de tout ce (et ceux) qui nous entoure, ainsi que celle de spontanéité sont aussi de bonnes choses (que je ne peux qu'approuver du haut de toute ma non-expérience )... mais comme disait pablo à propos du génie (je crois) : "le génie me vient parfois, le plus souvent après 8h de travail"

répétition est mère d'apprentissage, donc tu dois même très bien progresser !.. surement as-tu bien avancé/débloqué depuis la rentrée ?!

Oui, je suis débloquée J'ai écrit assez intensivement mais sans me mettre la pression sur "je veux que ce soit aussi beau que" ; j'ai juste essayer de mettre en application tout ce que j'avais appris, et toujours évidemment en me faisant plaisir.
Cette phrase de Picasso (je suppose, à moins qu'il s'agisse de Pablo Neruda ?) est excellente, et je la trouve très juste