Rhétorique

Je vous propose de retrouver la joie des rédactions (gnéhéhé ) en nous pondant un petit texte visant à persuader. J'aimerais que vous déployiez toutes les ressources de votre éloquence et tout votre art subtil et précis de la parole, en deux parties : un texte d'argumentation sur un sujet trivial (peu importe si c'est ridicule, vous pouvez faire ça ou bien réussir à nous faire adhérer aux pires bêtises tellement vous êtes émouvants, mais permettez-moi d'émettre de légères réserves à ce sujet) ; et un autre texte sur un sujet sérieux, que vous aimeriez défendre ou qui vous tient à coeur. S'il vous plaît, précisez le sujet choisi en titre de chaque texte. Amusez-vous bien

Punk : individu étrange et un peu con vaguement inspiré de la mouvance skin, mais beaucoup moins classe. Abhorre depuis l'avènement du groupe The Exploited une crête de diverses couleurs sur le sommet du crâne. Le Punk est souvent camé, se dit Anarchiste mais croit que l'Anarchisme c'est un truc tendance né avec les Sex Pistols.

Le Punk. Son slogan : No future. Voilà donc pourquoi les punks n'auraient pas dû survivre. Il faut donc les rappeler à l'ordre et botter leurs sales gueules de créteux à coups de paraboots, de rangeos, de pompes de skates, de talons aiguilles, de lampadaires, de parcmètres, et chaises de tables et de tout ce qui peut vous tomber sous la main.

Le Punk n'aime pas la société (" Fuck The Society " -The Exploited) il faut donc lui donner de bonnes raisons de ne pas l'aimer. Ainsi lorsque je serai dictateur j'instaurerai une loi : tous les adultes majeurs et capables au sens juridique du terme qui croiseront un Punk devront lui hurler : "Sale Punk de merde ! La Société t'emmerde."

Le Punk n'aime pas la police. ("Fuck The Police " - The Exploited : oui encore eux, on se demande qui ils n'emmerdent pas ceux là, mais c'est normal, ce sont des cons de punks.) Il faut donc lui donner une bonne raison de ne pas l'aimer. Ainsi, toujours lorsque j'aurai pris le pouvoir par un coup d'état diabolique et que je règnerai sur une main de fer sur ce pays, tous les flics qui croiseront un Punk devront lui gueuler dans les oreilles avec un mégaphone : " Fuck The Punks !" Et ce bien sûr dans le but que le Punk cette stupide créature subisse une implosion du tympan pour qu'il soit bien emmerdé (pour une fois que ça sera lui et non pas la société, la police ou qui que ce soit d'autre.)

Bref. Le Punk est une créature qui n'aime rien, donc nous n'avons pas de raison de l'aimer. Si les Sex Pistols chantaient -pardon, braillaient- No future dans les années 70, il ne devrait plus y avoir de Punks. Tuons tous les Punks, et pour reprendre une des chansons phrares d'un de leurs groupes français Ludwig Von 88, "Tuez, tuez tuez les tous".

Et une fois que nous nous serons définitivement débarrassé des Punks, nous nous occuperons des Goths, ces créatures débiloïdes, puis des Metalleux, ces énergumènes à cheveux gras, puis des Mods, puis des Rappeurs, puis des...

La semaine prochaine : Pourquoi il faut éradiquer les Goths de la surface du globe.


Ps : Ce texte ne reflète pas du tout ce que je pense. Merci de ne pas me taper dessus... Quoi que je doute qu'il y ai des Punks parmi vous.





Contrairement à des préjugés largement répandu, un Skinhead n'est pas toujours un facho au crâne tondu qui fait des ratonnades et écoute du RAC (Rock Anti Communiste) et/ou du Rif (Rock Identitaire Français).
Ces derniers, appelés Bonehead (littéralement : "Abrutis") par les vrais Skin, ne représentent qu'une extrême minorité, et ne sont même pas reconnus par les vrais Skins comme étant des skinhead car le premier à avoir chanté "I am a Skinhead" était un Noir.

Au départ, le mouvement skinhead est totalement apolitique. Etre Skin signifiait (et signifie toujours) s'amuser, aimer danser, aimer le foot, porter des docs Martens. Les Skins aiment le Ska, parfois le reggae, puis après sa naissance, la Oï! qui est LA musique des Skins. Les premiers Skinhead, issus des masses laborieuses du prolétariat comme dirait l'autre, se rasaient le crâne pour ne pas que le police montée leur attrape la tignasse ans les manifestations. A la base le mouvement skin était un mouvement exclusivement anglo-saxon.

Puis les Skins se sont, malheureusement en un sens, politisés. Récupérés par l'extrême droite, une partie des skins se tournent vers les croix gammées, la fascination pour le IIIeme Reich, l'antisémitisme, le racisme, et j'en passe... Leur musique est le RAC et le RIF, et leurs groupes portent des noms puants comme "Legion 88", "Bunker 84", "Skrewdriver", "Evil Skin", "Zyklon B", etc . Ils portent en signe de reconnaissance des lacets blancs, référence à leur slogan douteux : "White Power". Mouvance ultraviolente de la branche Skin, ils multiplient les ratonnades ( sortir avec des battes de base ball, des barres de fer, etc pour frapper sur des noirs, des asiatiques, des arabes, des juifs, des homos... ) Ils font souvent partie des clubs de supporters de foot fanatiques et ultra violents ( les cris de singes à l'entrée des joueurs noirs sur le terrain, c'est très souvent eux.)

Il y a aussi les SHARP, dans une toute autre mouvance. Leur logo signifie "SkinHead Against Racial Prejudice". Ce sont des Skins apolitiques qui rejettent les Bonehead et le racisme en général. Ils portent des lacets noirs sur leurs docs ou leurs paraboots. Ils éprouvent en général de l'animosité voire de la haine pour les RASH autant que pour les Boneheads, car pour eux les SkinHead ne doivent pas être politisés.

Puis les RASH, Red and Anarchist Skinhead. Ce sont des Skin communistes ou Anarchistes. Ils se bastonnent quelque fois avec les Boneheads lorsqu'ils les croisent, et c'est en général assez violent. Pour leur distinction, ils portent des lacets rouges. Ils militent pour diverses causes : contre le racisme, contre l'ultralibéralisme pour ne citer que ça...
Problème : souvent les communistes et les Anarchistes ont un peu de mal à se supporter et il leur arrive donc de se taper dessus... ce que je n'approuve pas forcément mais les communistes, ces nazis rouges, me font doucement rigoler. Peste brune, nazis rouges, dictature, camps de concentration, millions de morts... Coco, fachos même combat comme on dit...

Les groupes des Skinheads Rash, Apo et Sharp sont les suivants (en vrac et liste non exhaustive) : The Oppressed, Cockney Rejects, Berurier Noir (plutot Punk mais aussi écouté par les RASH), Sham 69, Angelic Upstart...

Boneheads mis à part, les skins sont donc un mouvement pas forcément pacifiste mais totalement joyeux, amical, solidaire et dont l'histoire est tout à fait passionnante à étudier. La musique qu'ils jouent me prend les tripes, la musique qu'ils aiment appelle à faire la fête, lorsqu'on cite le mot Skinhead il me vient une vision de potes, de bières qui coulent à flots, de fête géante, de chants enjoués, de rangers et de oï! joyeuse. C'est à l'heure actuelle le mouvement dont je me sens le plus proche (surtout des Skins Anarchistes), et même si j'aime toujours beaucoup les goths, ces derniers sont un peu tristes et mélancoliques à mon goût.

Voilà pourquoi il faut dédiaboliser les skins, et sortir de nos préjugés trop souvent forgés sur des reportages débiles et basés sur les "on dit" des médias ignorants et cherchant le scoop... Je les hais. Mais c'est une autre histoire. J'espère ne pas vous avoir trop gonflé, j'ai l'impression d'avoir fait un monumental hors-sujet...

Merci pour ces deux textes savoureux pour deux différentes raisons : le premier est drôle, et le deuxième très instructif pour l'ignorante que je suis (et curieuse de savoir à quoi on reconnaît un skin et pourquoi des gens se font taper dessus pour une histoire de couleur de lacets...) En effet le deuxième est plus une présentation en bonne et due forme qu'une argumentation, mais l'effet est réussi puisque je ne serai pas tentée de diaboliser les skins

Mangez au moins 5 produits gras et/ou sucrés par jour !

Nos rythmes de vies actuels font de nous des personnes surmenées, affamées, stressées. Chaque jour est un marathon entre métro, copains, boulots, tout cela pour peu de dodo ! Aussi, je vous invite, en votre âme et conscience, à réfléchir à cette question : comment allons-nous tenir le coup ?
Depuis peu, une dangereuse secte étend son influence au sein d'une gastronomie française autrefois saine et justement proportionnée. Ces prédicateurs de minceur, ces martyrs de la faim perpétuelle, ces prêtres de la verdure, sont en train de nous drainer toute énergie vitale. en effet, leurs dogmes malsains prescrivent à chacun de se nourrir de fruits et de légumes. Des fruits et des légumes ! Ce sont des gens pâles, défaits, frustrés, maladifs, que je vois chaque jour hanter la ville de leurs silhouettes maigres. Réagissons maintenant ou demain les champs de patates seront remplacés par des haricots et des carottes, les pâtes seront proscrites et l'étudiant pauvre sera réduit à voler quelques pommes pour survivre !
Redonnons leurs dignités aux féculents dédaignés, aux sucreries boudées par les enfants, aux sodas à la fraîcheur bienfaisante, aux graisses animales jetées en pâture aux chiens, et encore, eux-mêmes vont bientôt être acculés à la famine avec l'apparition des croquettes diététiques.
Mangez, nourrissez-vous, comblez-vous de gras, survivez ! Votre bon sens vous le conseille, et votre bon goût l'exige !


J'écrirai le texte sérieux un peu plus tard

Bravo Vous m'avez bien fait rire tous les deux! Je me lancerai ce soir...

Nous y voilà. J'entends déjà Oche qui ricane derrière son écran. Oui parfaitement je t'entends. Il est vrai que mes goûts musicaux ne dénotent pas toujours d'une riche et intelligente culture musicale. MAIS. Oui oui vous allez voir, que je vais arriver à me défendre.

Mais reprenons les choses au début. Dans ma discothèque il y a des disques de Kim Wilde, de Mylène Farmer et d'Indochine. Et peut-être même de Claude François, mais ça compte pas, j'avais douze ans. Alors bon, oui c'est vrai, ça va être difficile de défendre les talents de parolier de Nicola Sirkis, parce que c'est probablement le plus nul de tous les artistes de variété que je viens de citer (quoi que, Kim Wilde...)
Mais je crois quand même qu'il serait temps de cesser cette distinction méprisante qui oppose les chanteurs dit « de variété », qui font obligatoirement de la soupe, des vrais musiciens. Pour commencer, je proposerai plutôt l'adjectif « pop », qui implique que cette musique puise ses sources dans le fond populaire et aussi qu'elle a du succès. Ce qui nous permettra de constater, dans un premier temps, que les chanteurs à succès sont tout autant des gens terriblement insipides comme Renan Luce (pour rester polie) que des groupes de bonne qualité comme Nirvana. Il faudrait donc faire fi du degré de succès d'un groupe avant de se mêler de sa qualité (je sais, moi aussi j'ai du mal). Et donc alors, qu'est-ce que ça peut faire que ces gens s'inspirent de la culture populaire plutôt que de Mozart? D'ailleurs, soit dit en passant, Mozart aussi a été chercher ses mélodies dans les danses traditionnelles, et personne n'y a jamais trouvé à redire. En ce qui concerne Indo, et même si ça prête à sourire, leur nom tire son origine de l'œuvre de Marguerite Duras, donc niveau référence on est plutôt dans des choses reconnues.

Si le premier morceau d'Indochine, Dizzidence Politik, se présente comme une suite de paroles sans queue ni tête, scandée sur un rythme sautillant d'où toute mélodie est absente, L'aventurier par contre dénote déjà d'un talent plus palpable. Oui, j'ai bien dit « talent ». Car qui n'a jamais tapé du pied sur cette mélodie hyper-efficace, qui donne envie de se trémousser et synthétise avec humour tout ce que les années 80 ont pu produire de rigolo et de joyeux? Car non, on n'est pas obligé d'exprimer la douleur pour être artistique. Et puis si l'on est capable d'apprécier Indiana Jones, on peut forcément reconnaître les qualités de L'aventurier. Tous deux sont complètement superficiels et idiots, et pourtant ils sont divertissants. Et il n'y a que les intello pour trouver que le divertissement est forcément dénué d'intérêt.

Nicola Sirkis n'a jamais prétendu écrire de bons textes. Au contraire, il reconnaît qu'il n'en est pas très fier. Et alors, vous les trouvez bons vous, les textes de Smells like teen spirit? Vous comprenez quelque chose aux élucubrations de Brian Molko dans Without you i'm nothing? Tous les chanteurs ne sont pas de bons paroliers, ce qui ne nous empêche pas de ressentir leur musique avec nos tripes, et même, de comprendre où ils veulent en venir malgré des maladresses stylistiques. Sirkis ne sera jamais Cantat, pourtant, je préfère écouter Pink Water plutôt que Lost. Parce que je comprends cette chanson, parce qu'elle m'évoque un jardin sous la pluie, parce qu'elle est mélancolique et onirique. Hume, un grand philosophe, a d'ailleurs très bien démontré que, si le goût esthétique s'éduque, et qu'il permet de reconnaître une œuvre majeure, il est normal et même défendable d'aimer des œuvres mineures.

Et puis Indochine, c'est aujourd'hui un groupe qui a beaucoup progressé, à tous les points de vue. Nicola a acquis une véritable ampleur au niveau de sa voix, qu'il maîtrise mieux. Exit les hoquets symptomatiques des 80's en fin de mot. Désormais Nicola chante, et certainement mille fois mieux que Cali, qui fredonne. Quant à la musique, grâce à la participation toujours plus active d'Oli de Sat, elle a gagné en profondeur. Les mélodies sont variées, les références diverses, et si Nicola a toujours tendance à maltraiter la syntaxe, il n'écrit plus de paroles énigmatiques comme « c'est dans la nuit de Rebecca que la légende partira ».
Enfin, Indochine, c'est un putain d'excellent groupe live, qui a la patate, qui sait proposer des versions renouvelées de ses tubes et ainsi éviter la redite. Et quand on sort de leurs concerts, on est en nage et heureux, et ça, c'est formidable.

Je sais, on est censé garder son argument décisif pour la fin. Eh bah flûte. Car de toute manière, mon argument ultime, ce sera toujours quelque chose du style : j'aime Indo, ben toi t'aime les Bérus et tu crois que c'est mieux? Lol. Indochine me parle, Indochine a composé Alice & June et Paradize et Danceteria, qui sont tous trois des albums pop mélodieux, efficaces et émouvants, et je les aime.

VIVE INDOCHINE!

Un petit texte plus dans l'esprit décalé de mon blog (je pense d'ailleurs le réutiliser ). J'espère qu'il n'est pas HS, j'ai essayé de conserver l'aspect thèse-antithèse-synthèse, mais l'exercice était difficile pour ce texte.

Désolé pour la longueur.

Pourquoi vivre d’amour et d’eau fraiche quand on peut se fendre la gueule de haine et d’alcool ?

Les poètes (les vrais, comprendre Barbelivien et cie) vous le diront : vivre d’amour et d’eau fraiche, c’est le pied ! Te sens-tu, jeune damoiseau, cheveux longs détachés cascadant sur tes épaules, amoureux, à ne pouvoir retenir ton cœur au galop de concourir pour le Grand Prix d’Amérique ? Et toi, péronnelle, patientes-tu dans les jonquilles et autres pâquerettes, attendant ton escogriffe de prince charmant, en te délectant de l’eau claire de cette fontaine ? Et vous deux, couple doisniens, dont l’amour s’écoule de vos pores tel l’eau fraiche des cascades alpines, où viennent se désaltérer bouquetins et marmottes ; seriez-vous prêt à tout abandonner pour vivre en autarcie complète, loin de toute l’agitation nauséeuse des esprits colériques et vindicatifs de vos contemporains envieux, en vous abreuvant à la source même de votre amour, admirant votre bonheur se refléter dans la rosée perlée du matin et vous nourrissant simplement des embrassades passionnées aussi longues que cette phrase dans lesquelles vous vous perdez ?
Tout cela est fort beau en vérité et mériterait un cliché, une toile, de celles que l’on trouve dans les vides-greniers, les dimanches pluvieux d’octobre. Les beaux sentiments, l’essence de rose que l’on s’injecte dans les veines pour se sentir bien et sentir bon, les œillades complices, les sérénades qu’on pisse dans des violons pour faire fuir la réalité concupiscente ; tout cela, et bien plus, c’est se voiler la face comme les représentantes afghanes de l’égalité des sexes. Avouez-vous-le : l’amour et l’eau fraiche, c’est du bonheur au rabais.


Si audacieusement, nous retirons toute considération métaphorique, nous ne pouvons que constater la vanité d’une existence reposant sur ces préceptes. Développons un peu.
Le corps humain, s’il a certes besoin de se réhydrater régulièrement - l’eau fraiche remplissant parfaitement ce rôle – nécessite également d’être réapprovisionné en nourriture plusieurs fois par semaine (considérons trois fois par jour comme une moyenne). Les aliments ingérés apportent alors vitamines, fibres, glucides et glucose nécessaires au bon fonctionnement de cette formidable machine. Or, l’amour, dans cette tâche, s’avère fort minable. Il n’apporte aucun de ces nutriments et ne régénère pas les calories qu’il fait perdre. N’oubliez pas également que l’amour rend aveugle, et que ce sens est fort utile, principalement pour éviter les crocodiles lorsque vous vous rendez au point d’eau le plus proche.
Donc en réalité, vous pouvez décider de vivre d’amour et d’eau fraiche, mais n’espérez pas y survivre plus d’un mois !

Au contraire, la haine et l’alcool, bien dosés et mélangés peuvent donner un cocktail explosif (au sens premier du terme). Tout d’abord, le mode d’emploi pour réussir un bon Molotov :
Prenez une bouteille d’alcool bon marché mais bien fort ; vodka ou rhum, c’est selon les goûts de chacun. Videz-la de moitié, à l’aide d’un entonnoir si besoin, dans votre estomac. Crachez dans la bouteille votre haine du système, une bonne lampée de misanthropie et une pincée de dégoût de vous-même (pas plus de quelques grains, c’est un peu amer), secouez, puis rajouter une rondelle de citron vert. Enfoncez un bout de chiffon, mettez-y le feu, puis jetez-le sur d’innocentes créatures se promenant main dans la main près des fontaines.

Vivre de haine et d’alcool n’est pas meilleur pour la santé que l’autre version. Il y a toujours ce problème de nourriture ; mais une chose est sûr, c’est bien plus amusant. Distiller sa haine à son entourage a un côté jouissif et excitant et demande bien moins d’attention et de concentration que l’amour. Du sentiment affectueux, il en a toute la saveur, sans les à-côtés détestables : le risque de faire quelque chose de travers, les mots gentiniais, les petites attentions et les grandes surprises, les compromis, les connes promesses, la promiscuité et les prémisses, qu’elles connaissent, de l’enfant à naître. Rien de tout cela avec la haine. Elle nous entraîne dans une spirale de joie malsaine dont la honte nous étouffe, mais que nous nous forçons de noyer avec l’aide des cousins Baccardi et Eristoff. Chroniquez la haine ordinaire, emmerdez de manière desprogeo-gainsbarienne les jeunes et le foot, la démocratie et Dieu, les handicapés et les non-handicapés, les dits et les non-dits, les chalands et les nonchalants avec toute la mauvaise foi que vous pouvez gerber ; toute cette bile retenu dans le mauvais foie que la bibine a marqué. La liberté est à ce prix et vous vous sentirez soulagé ; vous pourrez donc mourir l’esprit léger avec l’assurance que plus rien ne vous retient en ce bas-monde (assurez-vous toutefois d’avoir finir votre flasque avant que vos membres ne se raidissent – il ne faut rien laisser derrière soi).

Surtout, n’essayez surtout pas de concilier amour et alcool ou haine et eau fraiche. Le résultat est des plus catastrophiques.
L’alcool versé dans un bol d’amour rend le tout fortement corrosif. Le mélange agit directement dans vos entrailles vous donnant les pires coliques (mélancoliques), vous laissant dans un état catatonique et bien souvent sur la paille. Une fois acquis, le sentiment amoureux ne s’efface pas comme une simple tâche de ketchup sur un chemisier à fleurs avec une lessive pas classique du tout, mais nécessite des détergents bien plus efficaces. L’alcool, lui, empêche ces produits d’agir, créant une protection de rêves déchirés de regrets, de secret espoir absurde, de mémoire affective affectée et d’amertume. Impossible de décuver ; l’amoureux ivre ne voit dans sa brume que le visage de sa brune et ne sent que les effluves de son parfum. Il ne cherche même plus vraiment à vivre ; ce n’est décidément pas très drôle.
La soupe froide que produit la haine épluchée et nettoyée à l’eau fraiche, quant à elle, est incolore, insipide et indolore. Elle n’apporte ni force, ni résistance, ne brûle pas et ne présente donc aucun intérêt ludique. Ennuyante au possible, elle provoque l’indifférence ou même pire – elle apporte parfois de la déférence à votre égard ! Fuyez ce bouillon pamphlétaire si vous ne souhaitez en aucun cas devenir l’intellectuel révolutionnaire brouillon des plateaux de télévision.


S’il est vrai que l’alcool et la haine n’augmente pas votre espérance de vie, ils permettent néanmoins de recueillir le nectar de délectation se trouvant au cœur de toute détestation imbibée de pinard. Cultivez cette haine, arrosez-la non pas d’eau fraiche, ennuyante à mort, mais d’eau-de-vie ; l’année écoulée verra germer les graines, éclore les boutons. Sustentez chaque fleur de votre plus profond mépris et avec de la patience, vous contemplerez l’arrivée des premiers fruits de pure malveillance.
Il ne reste plus qu’à croquer à pleine dents ce mets si savoureux.

Ce texte est un petit bijou... Félicitations ! Diaboliquement maîtrisé et plein de verve, carrément jouissif !

Carrément !

Merci bien pour ces éloges, je ne sais pas si je les mérite