La description - 3. Sans voir, ou presque
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La description - 3. Sans voir, ou presque
Lors du précédent atelier, Antoine nous avait proposé de décrire quelque chose sans utiliser la vue, en privilégiant l'un des quatre autres sens, voir en n'utilisant que lui. J'ai trouvé cet exercice très enrichissant, aussi je le mets en exercice permanent. Cela oblige à voir les choses sous un autre angle, et en essayant, on découvre de nouvelles manières de représenter. Voilà ce que ça avait donné pour moi, j'étais tombée sur l'ouïe. Essayez si vous voulez, vous verrez !
Fracas métallique. Staccato de grésillements. Cris brefs et autoritaires. Sifflements stridents, chuchotement, gargouillement. L'endroit résonne d'une symphonie pour métal, plastique et ustensiles. Vers le four, un tintement discret mais ferme invite à sortir le plat. Du côté des plaques de cuisson, les spatules remuent allègrement en raclant le fond des casseroles en produisant un son rauque. Là où le cuisinier passe les plats au serveur, cliquetis de couverts, échanges musclés de propos pressés et entrechoquement d'assiettes jouent un petit solo au fond du vaste choeur de la cuisson où bouillonnement, fritures et poêlées s'unissent dans le même frisson modulé, presque assourdissant. Il semble que même la vapeur émet un bruit subtile, un chuchotement épais qui se glisse dans le moindre recoin de silence. Mais le silence est rare en ce lieu où se tient un orchestre culinaire étourdissant. Les aliments se transforment en un florilège de bruissements désacordés. De ce chaos primordial surgira l'harmonie d'un plat composé où les saveurs se complètent et s'harmonisent. Le bruit et la fureur enfanteront la subtilité artistique des mets proposés au client, qui reste à l'abri, là où tout n'est que conversations feutrées, musique légère, pas étouffés, crissements discrets de couteaux sur l'assiette et tintement de verres délicats.
Fracas métallique. Staccato de grésillements. Cris brefs et autoritaires. Sifflements stridents, chuchotement, gargouillement. L'endroit résonne d'une symphonie pour métal, plastique et ustensiles. Vers le four, un tintement discret mais ferme invite à sortir le plat. Du côté des plaques de cuisson, les spatules remuent allègrement en raclant le fond des casseroles en produisant un son rauque. Là où le cuisinier passe les plats au serveur, cliquetis de couverts, échanges musclés de propos pressés et entrechoquement d'assiettes jouent un petit solo au fond du vaste choeur de la cuisson où bouillonnement, fritures et poêlées s'unissent dans le même frisson modulé, presque assourdissant. Il semble que même la vapeur émet un bruit subtile, un chuchotement épais qui se glisse dans le moindre recoin de silence. Mais le silence est rare en ce lieu où se tient un orchestre culinaire étourdissant. Les aliments se transforment en un florilège de bruissements désacordés. De ce chaos primordial surgira l'harmonie d'un plat composé où les saveurs se complètent et s'harmonisent. Le bruit et la fureur enfanteront la subtilité artistique des mets proposés au client, qui reste à l'abri, là où tout n'est que conversations feutrées, musique légère, pas étouffés, crissements discrets de couteaux sur l'assiette et tintement de verres délicats.
Re: La description - 3. Sans voir, ou presque
Cette fois, j'essaie en mélangeant les diverses perceptions.
Le bois rugueux sous les doigts, rongés par le sel. L'odeur pure de l'iode dans le vent qui fouette les voiles en les faisant claquer. Et par-dessus tout, le mugissement des vagues qui roulent sous la coque.
Je me tiens ici au bord du monde habité, qui se résume à un bâtiment de bois, et à une centaine d'hommes. De l'entrepont montent des odeurs de cuisine, sans doute du porc salé, pour ne pas changer les bonnes habitudes. Je débouche ma flasque de rhum, et l'odeur agressive et écoeurante me soulage, d'une certaine manière. Je bois une gorgée, et la chaleur se rue dans ma gorge puis dans mes entrailles. Je respire plus profondément.
On entend des cris plaintifs portés par le vent, par intermittence, comme perdus dans un vaste tourbillon, tantôt proche, tantôt lointains. La terre ne doit pas être si loin...
Derrière moi, des ordres fusent, hurlés d'une voix rapée par le tabac et l'alcool. Des cordages grincent, indifférents dans l'agitation. Le roulis perpétuel du bateau me force à serrer plus fort le bastinage, et je sens mon corps se balancer au rythme de la mer. Au début, ça rend malade. Et puis, ce rythme finit par faire partie du corps, jusqu'au moment où on est carrément désorienté en posant le pied sur la terre ferme. j'aime bien cette sensation de tangage, accentuée encore par les gifles que donne le vent, et qui font claquer les chemises et s'envoler les chapeaux. J'aime cette étendue bleutée qui bouge perpétuellement, la pluie glacée des embruns qui griffe le visage.
Le bois rugueux sous les doigts, rongés par le sel. L'odeur pure de l'iode dans le vent qui fouette les voiles en les faisant claquer. Et par-dessus tout, le mugissement des vagues qui roulent sous la coque.
Je me tiens ici au bord du monde habité, qui se résume à un bâtiment de bois, et à une centaine d'hommes. De l'entrepont montent des odeurs de cuisine, sans doute du porc salé, pour ne pas changer les bonnes habitudes. Je débouche ma flasque de rhum, et l'odeur agressive et écoeurante me soulage, d'une certaine manière. Je bois une gorgée, et la chaleur se rue dans ma gorge puis dans mes entrailles. Je respire plus profondément.
On entend des cris plaintifs portés par le vent, par intermittence, comme perdus dans un vaste tourbillon, tantôt proche, tantôt lointains. La terre ne doit pas être si loin...
Derrière moi, des ordres fusent, hurlés d'une voix rapée par le tabac et l'alcool. Des cordages grincent, indifférents dans l'agitation. Le roulis perpétuel du bateau me force à serrer plus fort le bastinage, et je sens mon corps se balancer au rythme de la mer. Au début, ça rend malade. Et puis, ce rythme finit par faire partie du corps, jusqu'au moment où on est carrément désorienté en posant le pied sur la terre ferme. j'aime bien cette sensation de tangage, accentuée encore par les gifles que donne le vent, et qui font claquer les chemises et s'envoler les chapeaux. J'aime cette étendue bleutée qui bouge perpétuellement, la pluie glacée des embruns qui griffe le visage.
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